L’âme du narcissismeAuteur : Christian FIERENS La table du psychologue était couverte de portraits-robots qu’il s’agissait de reconnaître chez ses patients. Patiemment. Malgré les différences, il reconnaîtrait la même trame : le narcissisme par trop visible. Psychose ? Narcissique ! Perversion ? Narcissique ! Et jusqu’à la névrose : encore narcissique. Au fond, le cliché narcissique n’allait pas beaucoup plus loin que l’égoïsme dénoncé par l’Église. Juste une petite touche sexuelle en plus. Activement. Derrière la tautologie du narcissisme se cache un mouvement de réflexion que le psychanalyste saura mobiliser pourvu qu’il n’oublie pas l’âme du narcissisme, dont découle tout cet imaginaire. Car le mouvement de réflexion inhérent à tout narcissisme ne produit pas d’abord des clichés ; bien plus fondamentalement, il est l’âme invisible de toute création, de toute personnalité, de toute réflexion, de tout mouvement d’estimation sans laquelle l’estime (de soi comme des autres) ne vaut pas grand-chose. L’Âme du narcissisme – éternelle adolescence – nous plonge dans ce moment d’expérience dynamique de la psychanalyse. C’est déjà ce que Freud apportait en introduisant le narcissisme. |